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Hors-Piste

 

Cette image ne porte pas de titre. Juste un numéro. 50, sa place dans une série de longs instants que Fabian Rouwette photographie avec une lenteur qu'on pourrait presque qualifier de "marque de fabrique". Une lenteur qui, l'air de rien,  joue les rebelles dans un monde de vitesse, d'éphémère, d'instantanés. Parce qu'il photographie à contre-courant et privilégie les images silencieuses, cette photo centrée sur l'anodin, le non-balisé aurait pu s'appeler "Hors-Piste". Quand Fabian est venu accrocher la photo au loft et qu'il a prononcé  ces deux mots, ils m'ont tout de suite parlé. Deux mots + un trait d'union qui fait le lien entre cette forêt sous la neige et un photographe qui se dit obsédé par le temps et encore plus par l'instant. Un instant - très long- dans une quête d'équilibre entre l'éphémère et l'éternité, l'obscurité et la lumière.

 

Cette photo prise dans les Fagnes, un 30 décembre, à 5 minutes de la tombée de la nuit, exprime parfaitement l'essence-même du travail de Fabian Rouwette, un photographe de la durée et un solitaire contrarié qui a trouvé dans la photographie l'excuse parfaite pour fuir, pendant quelques heures, la solitude de son atelier de peintre. Qu'il peigne ou qu'il photographie, sa recherche d'équilibre - une obsession - passe forcément par l'isolement. Un isolement qui favorise la tension, l'émotion. Cet intérêt pour le banal, les lieux oubliés ou hostiles favorise l'introspection du spectateur. Vous ne regardez pas une image de Fabian Rouwette. Vous entrez dedans, au point de vous y perdre de longues minutes, voire des heures. C'est cette forme d'errance qui m'a touchée et m'a fait basculer, à mon tour dans cette forêt, sa cinquantième histoire. La mienne aussi désormais. La vôtre aussi, plus que probablement.  

Marie Honnay

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