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Interview

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1.Fabian, comment êtes-vous venu à la photographie ?

Via la peinture ! C'est d'ailleurs ma formation, suivie dans la section peinture à l'Académie des Beaux-Arts de Liège.

Encore aujourd'hui j'adore la peinture et j'y trouve une partie de mon inspiration.

 

En ce qui concerne la photographie, j'ai acquis assez tôt les bases techniques essentielles lorsque j'ai reçu un boitier Rolleiflex , j'avais 11ans.

Après mes études, j'ai découvert le travail de photographes tel que Bustamante et Candida Höfer.

Là, j'ai vraiment eu envie de me remettre sérieusement à la photographie.

Puis, j'ai commencé à répondre à des commandes et aujourd'hui la photographie est devenu mon métier.

2.Où ont été prises ces images ?

J'aime beaucoup l'idée de « l'accessibilité ». Il n'est pas toujours nécessaire d'aller bien loin et il faut savoir saisir ce qui est là, à portée de main.

Dans ce cas, ce qu'il fallait faire c'était un pas de plus, juste un pas de côté. Pour explorer ce qui est en bordure du chemin battu, un peu au-delà...

J'aime bien ces zones qui font partie de ce qu'on appelle les « hors-lieux ».

 

Pour réaliser ces images, je suis quasiment resté dans l'aire de mes déplacements habituels : Belgique et alentours. Les photos sont prises dans des bâtiments abandonnés. Certains sont voués à disparaitre, d'autres vont faire l'objet de réaffectations. Ils sont également livrés au temps, aux éléments et à toutes sorte de déprédations. Ces espaces sont en état instable et transitoire.

 

3. Vous photographiez souvent des fenêtres, pourquoi ?

 

Pourtant au départ, j'évitais les fenêtres. Surtout à cause du contre-jour.

C'est en approfondissant le sujet que mon regard à sensiblement changé.

 

J'ai passé un certain nombre de journées à errer dans des espaces vides, qui sont en général assez sombre, et j'ai appris à goûter à la lumière. C'est une relation qui c'est créée sur place, par l'expérience sur le terrain.

Quelque chose c'est produit, et cela s'est traduit par la nécessité de photographier des fenêtres.

Je crois que cela parle d'un rapport à l'obscurité et à la lumière.

 

De plus, les fenêtres convoquent des notions qui me sont chères, tel la dialectique intérieur-extérieur. Une dynamique importante car mes photographies jouent souvent sur la profondeur.

La fenêtre sur l'image photographique provoque une mise en abîme.

 

 

4. Diriez-vous que vous êtes un photographe d'intérieur ou un photographe d'extérieur ?

 

Je n'ai jamais vu les choses sous cet angle ! Il est clair que mon intérêt principal depuis les tout débuts de ma pratique photographique, cela a été l'espace intérieur.

Ce rapport particulier à la perception de l'espace que je recherche, je le trouve en intérieur, bien entendu, mais également en plein air. Je pense que ces deux notions - intérieur et extérieur - sont très relatives.

 

Photographier l'intérieur des bâtiments implique, à mon sens, une démarche supplémentaire. Il faut franchir une limite, pour accéder à ce qui est protégé derrière une enceinte.

Donc, c'est une manière de satisfaire une forme de curiosité, finalement.

5. Quel rapport pensez-vous avoir au temps lorsque vous faites de la photographie ?

 

Le temps est essentiel !

Photographier c'est pour moi un moyen d'essayer d'être tous le temps plus présent.

 

J'aime prendre le temps. C'est plus une question de rythme, que de vitesse ou de lenteur. Il y a une pulsation dans chaque journée de prise de vue. Il faut simplement coller à ce rythme, et suivre le mouvement.

Il y a quelque chose de merveilleux dans le métier de photographe. La prise en compte d'une échelle de temps primordiale : la course du soleil, à laquelle il faut être attentif pour saisir une meilleurs lumière, un meilleurs moment.

C'est le temps de la nature, des cycles, des saisons...

 

Ce qui est exprimé dans ces photos avec les fenêtres ? Ces photos mettent en rapport deux espaces différents, un espace intérieur et un espace extérieur qui vivent dans deux échelles de temps différentes. A l'intérieur l'espace est livré à un temps très élémentaire – le temps de la peinture qui s'écaille sur les murs saisons après saisons, l'eau qui s'infiltre goutte à goutte – c'est un temps que je perçois comme très lent et malgré tout dans cette apparente immobilité de grandes forces sont à l'oeuvre, les choses sont en train de se transformer.

A travers la fenêtre, juste de l'autre côté, il y a une route, de la circulation, des maisons... c'est le temps de la vie quotidienne, le temps de nos vies contemporaines. Chacun le perçoit à sa manière, mais c'est un temps peut être plus rapide, plus découpé (artificiel).

C'est ce questionnement sur ces différents espaces temps imbriqués qui m'interpelle.

 

 

 

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